La déontologie des juges
État des lieux et perspectives d'avenir
La déontologie des juges a récemment connu, en France, des évolutions importantes. Dans une démarche préventive visant à éviter le recours à la sanction disciplinaire, voire pénale, le législateur a ainsi imposé aux juges la rédaction de chartes ou de recueils des obligations déontologiques et des bonnes pratiques, la création de collèges de déontologie ou encore la transmission de déclarations d'intérêts, voire de patrimoine. En retenant une approche transversale de son objet, cet ouvrage de "droit comparé interne" a pour première ambition de dresser un état des lieux de ces évolutions afin d'en tirer un premier bilan. Il permet, à cette occasion, de porter un regard juridique sur de nombreuses controverses qui ébranlent le monde de la justice, comme les rapports (parfois tendus) des juges avec le pouvoir politique, la religion, les médias ou encore les réseaux sociaux.Il s'intéresse au phénomène du "pantouflage" ainsi qu'au cumul de l'activité juridictionnelle avec d'autres activités professionnelles, politiques ou associatives. Elaboré sous la direction d'enseignants-chercheurs membres de l'Observatoire de l'éthique publique (think tank associant universitaires et parlementaires sous la présidence du député honoraire René Dosière), cet ouvrage a également pour ambition de formuler des propositions concrètes de réforme. Certaines d'entre elles visent à combler des lacunes (ainsi de la proposition de créer une instance déontologique au sein du Conseil constitutionnel et pour les conseillers prud'homaux, voire, à plus long terme, de créer une structure déontologique commune à l'ensemble des juridictions) ; d'autres tendent à modifier le fond du droit (en consacrant par exemple des règles spécifiques en matière de cumul d'activités ou encore en autonomisant davantage le régime disciplinaire des juges administratifs par rapport à celui des fonctionnaires) ou à perfectionner des dispositifs existants (comme la proposition visant à exiger un avis conforme du CSM sur toutes les nominations, mutations, et révocations des magistrats du parquet, ou celle visant à transférer à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique les contrôles déontologiques portant sur les activités antérieures et postérieures exercées par les magistrats judiciaires). En définitive, toutes ces propositions dessinent un cadre déontologique commun à l'ensemble des juges et magistrats français, révélant l'unité de la fonction de juger par-delà la diversité des juridictions.
Créé au printemps 2018, l'Observatoire de l'éthique publique (OEP) est une association qui développe une production scientifique originale alliant l'expertise universitaire à l'expertise politique dans l'objectif de conforter la transparence et la déontologie de la vie publique.
Rassemblant des chercheurs et des parlementaires de disciplines et de sensibilités différentes, l'Observatoire se veut force de proposition en avançant des postes d'amélioration de la réglementation et de la législation. "La transparence tranquille", chère aux fondateurs de l'Observatoire, doit permettre de restaurer la confiance dans la "chose" publique, l'autorité de l'État et des pouvoirs institués. Dans le cadre d'analyses critiques, l'Observatoire a pu identifier la persistance de "zones d'ombre" et formuler des recommandations destinées à les lever. C'est dans cette philosophie que s'inscrit le présent ouvrage.
Le sujet de la déontologie des juges demeure une thématique fondamentale dans un État démocratique. D2passant la question classique de l'indépendance des juridictions, la question de la déontologie des juges est rarement étudiée dans son ensemble. Outre les travaux portant sur la discipline des juges et magistrats, beaucoup de contributionsn se cantonnent à l'étude des outils de diffusion de la culture déontologique au sein des juridictions. La déontologie est ici appréhendée globalement. Elle désigne l'ensemble des obligations qui s'attachent à l'exercice des fonctions juridictionnelles, mais aussi les outils et mécanismes tant préventifs que répressifs, destinés à garantir le respect de ces obligations. Le développement des règles déontologiques se met au service de l'éthique personnelle du juge en lui donnant le cadre du "devoir être", composé d'un ensemble d'obligations et d'interdictions auquel il peut se référer pour répondre à ses questionnements éthiques.
Liens
Publié le 07/12/2021
L'autrice
Elina Lemaire
L'autrice
Joahnne Saison
L'autrice